Alphonse Delaunay
(Rouen 1827-Paris 1906)
Alphonse Delaunay naît à Rouen en 1827.
Orphelin de mère à l’âge de deux ans,
il est élevé par sa tante Amélie Pothée de Nibellerie, sœur de sa mère.
Au décès de son père, Pierre-Alphonse Delaunay, armateur et courtier maritime à Cherbourg, il hérite d’une fortune confortable qui lui permet de s’adonner à sa passion, la photographie et de réaliser de nombreux voyages.
La redécouverte récente de ses albums de photographies d’Espagne, révèle ses relations avec Gustave Le Gray.
En effet au début des années 1850 il réalise un important voyage au cours duquel il utilise les négatifs papier préparés par ou selon le procédé de Gustave le Gray. Ce dernier en effectuera les tirages vers 1853.
L’importante collection de négatifs verre au collodion et de trois albums, met en lumière un autre aspect de sa pratique de la photographie à partir des années 1860 jusqu’à la fin du siècle, soit plus de 45 ans de pratique, (ce qui est exceptionnel et probablement inégalé à cette époque).
Son mariage avec Marie Chastellain en 1859 (1838-1919) lui ouvre les portes d’Honguemare, propriété familiale située à Bourg-Achard. Il y réalise de nombreux paysages, vues du château, scènes de la vie quotidienne, objets et natures mortes.
Une «installation photographique», véritable studio d’extérieur, est aménagée dans le jardin.
Parents, amis, domestiques et voisins défileront tour à tour devant son objectif pendant de nombreuses années.
Il se rend à plusieurs reprises en Champagne, en Bourgogne et en Auvergne.
Chacun de ses déplacements est l’occasion d’un reportage photographique.
Si Delaunay immortalise avec talent et poésie la campagne et les lieux historiques qu’il découvre, c’est dans l’art du portrait qu’il excelle.
Artiste à la vision très originale, il utilise souvent les verticales pour mettre en valeur ses sujets : enfant devant un muret, homme au fusil devant un arbre, poupée sur une sellette, vaches derrière des troncs d’arbres. En jouant avec la profondeur de champ et la vitesse d’obturation il produit des effets d’arrière-plans dynamiques où se mélangent ombres et hautes lumières.
Plus de 250 négatifs et tirages originaux sont présentés en 26 lots : albums accompagnés de leurs négatifs, natures mortes, paysages et portraits d’extérieur…
Plusieurs portraits inédits et autoportraits d’Alphonse Delaunay et de son épouse sont également proposés : un portrait de Marie Delaunay par Gustave Le Gray (à l’époque de leur mariage) ainsi que de nombreux portraits familiaux, permettent d’entrer dans l’intimité du photographe.
Nouvelles informations au sujet d'Alphonse Delaunay |
Alphonse Delaunay et Étienne Carjat
Personnalité aux multiples talents; aquarelliste, auteur de pièces de théâtre, photographe, Alphonse Delaunay fréquentait dès son plus jeune âge le milieu artistique et littéraire de la capitale.
Lorsque son ami Etienne Carjat (dessinateur passionné de musique et de théâtre)
fonde l’hebdomadaire « Le Boulevard » en 1861 il est à ses cotés en qualité d’administrateur et de gérant (2).
Alors que Carjat ouvre son premier atelier de photographie la même année, Alphonse Delaunay a déjà dix années d’expérience dans cet art.
(2) Étienne Carjat (1828-1906) Photographe, Sylvianne Heftler, Musée Carnavalet 1982.
Lettres d'Alphonse Delaunay
La découverte d’une partie de la correspondance adressée par Alphonse Delaunay à sa tante Amélie Pothée Nibellerie précisent quelques aspects de la vie du photographe.
Si les lettres qu’il adressa au début des années 1850, pendant la période de son voyage en Espagne, n’ont pas été retrouvées celles des années 1854 /1855 qu’il envoyait depuis Chênée en Belgique, où il avait des responsabilités dans la société d’extraction minière « Vieille Montagne » permettent d’apporter un éclairage sur ses dernières relations avec Gustave Le Gray.
Lettre avec mention à l’encre rouge : « mauvaise affaire Legray » d’une main inconnue.
Chênèe le 4 décembre 1854.
Ma chère tante….
La nouvelle de Le Gray, ne m’étonne pas. Seulement elle me contrarie, parce que je dois être porté sur ses livres pour les épreuves qu’il a tirées pour moi.
Je te prie d’envoyer chez lui, pour lui demander ce que je lui dois, et afin qu’il me rende mes négatifs de mon voyage d’Espagne, que je désire ne pas perdre. Ne lui dis pas que je t’ai écrit, mais fais comme si j’étais en voyage assez loin – si tu pouvais passer chez lui, je serais bien aise que tu t’entendisses avec lui – seulement (a.. ?) de terminer avec lui, écris moi ce qu’il a dit. –
Adieu. Je t’embrasse de cœur.
Alphonse DeLaunay.
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Lettre avec mention à l’encre rouge : « Achat d’une barque. Maison Pépinière – photos d’Espagne en vente chez …» d’une main inconnue.
Chênèe le 9 décembre 1854.
Ma chère tante,
…Si Goupil n’a pas vendu de photographies, est-ce qu’il n’en a pas reçu de Legray ?
Je suis assez curieux de connaître le résultat de ta visite chez ce dernier. –J’ai chez lui une machine que j’avais fait faire avant mon départ, et que je dois à Trois Gros ( Sa note est-elle payée ?) – Je serais bien aise de m’en débarrasser.–
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Lettre avec mention à l’encre rouge : « Regrets de l’Espagne » d’une main inconnue.
Chênèe le 9 février 1855.
Ma chère tante,
…Tu n’a pas eu de nouvelles de Legray ?—Le soleil me rappelle ces belles promenades que je faisais il y a un an sur les bords du Guadalquivir que j’allais quitter.
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Lettre avec mention à l’encre rouge : « nostalgie – gravure de Goya » d’une main inconnue.
Chênèe le 19 mai 1855,
Ma chère tante,
J’ai trouvé dans ta lettre la carte de M.Goodall (1). C’est mon aimable compagnon de voyage en Espagne. Je regrette bien qu’il ne soit pas venu à paris pendant le court séjour que j’y ai fait . J’aurais en beaucoup de plaisir à le revoir.
…………….
… Le deuxième volume du Voyage en Espagne est chez Legray avec un vol. de gravures de Goya .
(1) Il s’agit probablement d’Edouard GOODALL (1819 – 1908) aquarelliste qui produisit des œuvres à Rouen. Alphonse Delaunay était lui-même un aquarelliste apprécié à son époque.
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